Comment je suis devenu invisible (sur le Net)

Replay du 28 mars 23h35


Peut-on encore, en 2016, échapper à la surveillance de masse sans renoncer totalement aux outils bien pratiques que sont le téléphone et l’ordinateur  ? C’est la question que s’est posée la journaliste Alexandra Ranz dans le très efficace documentaire Comment je suis devenue invisible.

 

 

Echapper à la surveillance, qu’elle soit «  étatique ou commerciale  », s’avère un véritable parcours du combattant, constate rapidement la journaliste. Si les mesures de base d’« hygiène numérique  » que lui conseillent des activistes sont simples – utiliser la navigation privée, doter son téléphone d’un mot de passe –, l’ampleur de la surveillance dont elle fait l’objet, comme chacun, la pousse rapidement vers des méthodes plus élaborées.

 

 

Le replay sur pluzz.fr jusqu’au dimanche 3 avril 2016

Echapper aux cinquante caméras de vidéosurveillance qu’elle croise sur un trajet à vélo  ? C’est possible, mais il faut porter un masque. Naviguer sur Internet de manière anonyme  ? Oui, en utilisant le navigateur anonyme Tor. Empêcher la RATP, la SNCF et l’Etat de savoir où elle se rend  ? Oui, là encore, à condition d’abandonner son passe Navigo et de payer son billet de transport en liquide. De toute façon, la carte bancaire est un outil de surveillance ultra-performant, qui donne des informations sur tous nos achats  : poubelle, là aussi.

Outil de flicage

Reste l’outil de flicage par excellence, qui est aussi l’accessoire indispensable du XXIe siècle : le téléphone portable. Un nettoyage des applications et un réglage précis des paramètres de confidentialité n’y changent pas grand-chose. «  Le réseau des opérateurs mobiles n’est pas du tout sécurisé  », explique le spécialiste Karsten Nohl, lors d’une rencontre des « hacktivistes » du Chaos Computer Club. «  Avec simplement votre numéro de téléphone, on peut savoir où vous êtes  » – démonstration à l’appui. Pire, renchérit le spécialiste en sécurité informatique Bruce Schneier, «  votre téléphone sait avec qui vous couchez si votre partenaire en a un aussi  ». Pour devenir invisible, il faut l’abandonner.

Même en prenant les mesures les plus radicales, impossible de déjouer totalement les yeux qui nous espionnent, car surveillance d’Etat ou des entreprises, tout se mêle. «  Les entreprises qui gèrent les plates-formes collectent en permanence des données sur nous. Qui aurait imaginé que Facebook, destiné à nos loisirs, deviendrait la source principale des services de renseignement ?  », s’étonne David Lyon, professeur de sociologie.

Alors, faute de pouvoir échapper à la surveillance, au moins peut-on lutter contre, et le documentaire nous emmène, dans un certain désordre, à la rencontre de militants. Au Musée de la Stasi, à Berlin, dirigé par un ancien opposant à la police secrète est-allemande, Jörg Drieselmann, la question est évidente  : «  Est-ce qu’il y avait des moyens d’échapper à la surveillance  ?  » Une longue pause. «  Non. Mes parents m’ont appris dès mon plus jeune âge qu’il fallait que je mente quand j’étais en public  : ne dis surtout pas ce que tu penses, dis-leur ce qu’ils veulent entendre. Il n’était pas possible de vivre en RDA sans que cela laisse des séquelles psychiques.  » Restent, cependant, des outils et des attitudes qui fonctionnent, sans devenir asocial ou complotiste, montre le documentaire. Le chiffrement, d’abord, seule protection efficace contre les oreilles indiscrètes. Mais aussi l’action politique, le choix de «  se cacher en subvertissant le système  »… [Lire la suite]


 

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Source : Echapper à Big Brother, une gageure

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